Le « parti architectural » a découlé d’un double diagnostic :

♦ Les objectifs affichés par la Maîtrise d’Ouvrage en terme de projet de vie du résident étaient ambitieux et précis et la Maîtrise d’œuvre se devait de l’avoir totalement intégré avant sa mise en volumes.

♦ Les bâtiments du site dans leur configuration existante ont été analysés à travers ces objectifs pour valider ou invalider leur capacité à générer des espaces d’une qualité au moins équivalente à celle escomptée sur les éléments de projet créés et s'assurer que la conservation demandée de certains d'entre eux était bien compatible avec les objectifs affichés dans "le projet de vie".

La prise en compte des facteurs humains, sociaux et symboliques, inclus dans ce programme, a conduit à l’élaboration d’un projet qui tourne le dos à la conservation envisagée d'un des bâtiments existants, à savoir :

• La verticalité (R+2) s’oppose à une greffe harmonieuse des différentes unités entre elles et à l’obtention d’une centralité claire, située au juste point d’équilibre du nouvel ensemble.
• Les dispositions constructives du bâtiment à conserver et plus précisément la présence de refends réguliers peu espacés, en béton, pénalise la conception de nouvelles chambres et salles de bains spacieuses réparties de manière aléatoire de part et d’autre de la circulation centrale. La solution esquissée de regrouper les chambres actuelles par deux pour créer un espace intime du résident répondant aux critères du programme ; non seulement ne permet pas de régler l’archaïsme de la distribution des espaces de vie communs mais conduit à rénover 2 450 m², soit un surcoût d’environ 540 000 € par rapport au budget prévisionnel.
• La rénovation du bâtiment R+2 impose une phase de transition difficle, une mise en relation du bâtiment neuf et des bâtiments anciens habités de 28 résidents, avec toutes les approximations financières que supposent la continuité et la simultanéité de fonctionnement des équipements techniques (chauffage, électricité, courants faibles, détection, appels malades…) ; sans compter les délais et les coûts supplémentaires d’un phasage multiple et les nuisances occasionnées par une réhabilitation intérieure lourde en site occupé.
• Enfin, le niveau altimétrique de son rez-de-chaussée (83.36) se situe près d’un mêtre en dessous du niveau moyen de la limite de propriété, rue Paul Chauvin. L’absolue nécessité, rappelée dans le programme, de ne conserver qu’une seule et même altimétrie pour le rez-de-chaussée futur implique donc la réalisation d’un bâtiment neuf enterré par rapport à la voie urbaine, tournant ainsi définitivement le dos à l’urbanisation en cours et laissant échapper la dernière opportunité d’un face à face urbanistique équilibré avec les constructions en cours de l’autre côté de la chaussée.

Une surface disponible, hors reculs et prospects réglementaires, de 4 780 m² au nord des bâtiments actuels et la volonté d’équilibrer la répartition des 6 000 m² approximatifs de surface à construire nous ont définitivement convaincus de concevoir un bâtiment neuf, compact, avec la liberté de conception inhérente à un tel choix, la réduction des délais de construction, la précision dans l’estimation du coût des travaux et surtout la garantie du respect de l’enveloppe financière, systématiquement mise à mal par les aléas techniques imprévisibles rencontrés sur des opérations réhabilitation/construction similaires à phasages multiples.

Les unités de vie (4 au rez-de-chaussée et 4 à l’étage) déploient respectivement leurs 44 et 54 chambres autour d’un espace de vie central, salle à manger, animation au rez-de-chaussée ; espaces enfants et intergénarations, bar, salon, secteur médical à l’étage. Ces deux ensembles jouxtent eux-mêmes un grand patio de 300 m² avec terrasses, pergola, vieux mur pignon en pierre conservé. La qualité de son aménagement paysager sera une véritable invitation à vivre des expériences kinésthétiques, visuelles et olfactives variées sur la base d’évènements cognitifs, sensoriels, historiques et émotionnels renouvelés.

Les unités de vie sont de taille variable, 4 à 14 lits pour plus de souplesse d’utilisation et leur regroupement par deux constitue quatre entités de 18 à 28 lits, véritables « petites maisons » conçues autour d’espaces conviviaux, salons avec cheminées, cuisine, salle à manger et salles de petit déjeuner, salle de bains et de soins du corps sans oublier les locaux de transmission et les nombreux rangements.

Si l’accueil est resté au rez-de-chaussée, l’administration occupe le premier étage. La répartition des locaux techniques suit la même logique d’un rôle d’animation et d’une recherche d’efficacité de service optimale : locaux de cuisine au rez-de-chaussée avec livraisons et départ poubelles rue Paul Chauvin, lingerie au-dessus avec ascenseur de service central, directement en contact avec le sas extérieur.

Le grand hall est traversant. L’entrée principale au sud, dont l’accès est marqué, de part et d’autre par les édicules gracieux de la salle de recueillement et de l’atelier est directement reliée aux 84 places de stationnement. Une seconde entrée au nord, permet l’accès des visiteurs ou résidents depuis et vers la rue Paul Chauvin, à l’abri d’un porche niché au cœur d’une façade de petits alignements qui réconcilie définitivement le projet avec son environnement urbain immédiat.

La volumétrie générale du bâtiment exprime plus la juxtaposition des « petites maisons » citées plus haut, sous la forme d’un hameau groupé avec toitures en tuiles et textures de murs variées plutôt qu’un bâtiment monolithique contemporain transpirant un fonctionnement plus hospitalier. Le choix volontairement limité des matériaux : enduit peint, pierre vendéenne, panneaux de bois lignés contribue seul à l’équilibre et à l’unité de l’ensemble.